Vous devez être opéré(e) d’une péricardectomie
Le cœur est enveloppé dans un sac qui prend le nom de péricarde. Il s’agit d’une membrane séreuse constituée de deux feuillets, un interne au contact du cœur et un externe plus fibreux. Le rôle de ce péricarde et de sécréter du liquide permettant de faciliter les battements cardiaques.
Ce péricarde peut être atteint d’inflammation, le plus souvent aiguës, comme dans les péricardites virales. Cependant, il existe certaines formes d’atteinte chronique, où le péricarde va se rétracter constituant ainsi une véritable gangue inextensible ne permettant plus haut cœur d’assurer sa fonction de pompe, c’est-à-dire à la fois d’aspirer le sang et de le réinjecter. Cette rétraction du péricarde aboutissant à une véritable sclérose ou fibrose peut parfois s’accompagner de calcifications : on parle alors de péricardite chronique calcifiante.
Le diagnostic est parfois difficile à porter, ce qui signifie qu’il y a souvent un long délai entre l’apparition des symptômes et la découverte de cette péricardite chronique. L’échographie, l’imagerie de coupes comme le scanner ou l’IRM, ainsi que des examens invasifs par cathétérisme cardiaque permettent d’affirmer le diagnostic.
Même s’il existe des causes classiques, comme des antécédents de tuberculose, séances de radiothérapie, séquelle d’infection virale, maladie systémique sous-jacente (comme les maladies auto-immunes), souvent on ne retrouve aucune cause particulière expliquant cette maladie. On parlera de péricardite chronique idiopathique.
Si les traitements médicaux (essentiellement basés sur les diurétiques) ne sont plus suffisants, il faudra proposer la résection de ce péricarde. On parlera alors de péricardectomie subtotale.
Le but de l’opération sera d’enlever le plus possible de péricarde pour permettre au cœur de retrouver sa fonction de pompe foulante et aspirante. On ne peut réaliser qu’une péricardectomie « subtotale » car il n’est pas possible d’enlever la totalité du péricarde (notamment au niveau de sa face postérieure) et de plus cela n’améliore pas la qualité des résultats.
L’intervention est réalisée par sternotomie, en général sans utilisation de la circulation extracorporelle, mais celle-ci peut parfois être établie par une autre incision au niveau de l’aine (permettant d’accéder aux vaisseaux fémoraux). Le péricarde sera ainsi réséqué, avec le même principe que l’ablation « de la coquille d’un œuf dur ». Il sera important de libérer les chambres d’admission du cœur (veines caves, oreillette droite, une partie de l’oreillette gauche), les chambres de distribution (totalité du ventricule droit, face latérale et inférieure du ventricule gauche), ainsi que les chambres d’éjection (aorte et artère pulmonaire) pour obtenir un résultat satisfaisant. Dans certaines situations, il existe aussi une atteinte de la partie péricardique au contact du cœur, on parle d’épicardite, qu’il conviendra aussi de libérer.
L’intervention sera réalisée en préservant deux nerfs importants, le nerf phrénique droit et le nerf phrénique gauche, qui viennent assurer l’innervation du diaphragme. L’intégrité de ces nerfs est capitale pour la stabilité d’une bonne fonction respiratoire postopératoire.
Le péricarde réséqué sera systématiquement envoyé à l’analyse aussi bien bactériologique qu’anatomopathologique (étude au microscope) afin de rechercher une cause potentielle.
Même si l’intervention reste courte, de moins de 2 heures, les conséquences post-opératoires de la résection péricardique sont souvent importantes : Le cœur a été pendant longtemps habitué à être contraint et la levée de la compression péricardique est susceptible d’engendrer un syndrome de bas débit cardiaque nécessitant la mise en place de traitement permettant d’améliorer la contraction du cœur (médicaments inotropes, Dobutamine par exemple) pendant quelques jours. De plus, après l’intervention des drains seront placés à l’intérieur du thorax et au niveau de la zone opérée. Il est relativement fréquent que les drains soient productifs de manière abondante dans les jours qui suivent la chirurgie. Le retrait des drains pourrait donc être effectué que plusieurs jours après votre opération. Il s’agit d’un phénomène relativement banal dans ce contexte. Les patients opérés sont souvent porteur d’épanchement liquidien dans le ventre (ascite), et tout comme on le voit pour le thorax, il est fréquent que ses épanchements nécessitent des ponctions évacuatrices itératives.
Il faut bien comprendre que les patients arrivant en salle d’opération pour une péricardectomie, ont souvent une longue histoire médicale et/ou cardiologique derrière eux, ce qui en fait des patients fragiles, souvent fatigués, où les défaillances d’autres organes, comme les reins, le foie, les poumons, sont assez fréquentes. Il faut donc accepter que même si l’opération ne dure pas longtemps, la phase post-opératoire puisse être lourde et qu’il faudra du temps pour pouvoir récupérer.
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